Le Gazole Non Routier, plus communément appelé GNR, représente une ressource énergétique incontournable pour les secteurs agricoles, les travaux publics et de nombreuses activités professionnelles nécessitant des engins mobiles non routiers. Identifiable par sa couleur rouge distinctive, ce carburant se distingue du gazole routier traditionnel par sa composition spécifique et une fiscalité adaptée aux besoins des professionnels. Cependant, derrière cette apparente simplicité se cache une problématique technique majeure : la présence de soufre et ses conséquences directes sur la longévité et les performances des moteurs modernes.
Le rôle du soufre dans la composition du GNR
Origine et présence du soufre dans les carburants
Le soufre constitue un élément naturellement présent dans le pétrole brut, dont sont issus tous les carburants fossiles. Durant le processus de raffinage, ce composé chimique subsiste en proportions variables selon les techniques employées et la qualité du pétrole d'origine. Dans les moteurs, lors de la combustion du carburant, le soufre se transforme en dioxyde de soufre et en particules fines qui peuvent rapidement devenir problématiques. Ce phénomène chimique s'avère particulièrement préoccupant pour les équipements modernes dotés de systèmes antipollution sophistiqués. La recherche scientifique s'intéresse activement à cette question, comme en témoignent les travaux menés au Synchrotron SOLEIL où des catalyseurs à base de nickel et de molybdène sont étudiés pour piéger efficacement le soufre avant qu'il ne soit libéré dans l'atmosphère ou ne détériore les composants mécaniques.
Évolution des normes européennes sur la teneur en soufre
La réglementation européenne a considérablement évolué ces dernières décennies pour limiter drastiquement la présence de soufre dans les carburants. La directive européenne 2009/30/CE impose désormais une teneur maximale de dix milligrammes par kilogramme au moment de la fabrication du GNR, avec une tolérance portée à vingt milligrammes par kilogramme chez l'utilisateur final. Cette évolution réglementaire répond à un double objectif : améliorer la qualité de l'air en réduisant les émissions de dioxyde de soufre responsables des pluies acides et de l'augmentation des gaz à effet de serre, tout en préservant l'intégrité mécanique des moteurs diesel modernes. Le GNR actuel, obligatoire depuis novembre 2011, affiche également un indice de cétane minimal de cinquante et un, garantissant une meilleure combustion et limitant l'encrassement par rapport à l'ancien fioul domestique précédemment utilisé.
Les mécanismes de détérioration des moteurs par le soufre
Corrosion des composants métalliques et formation d'acides
Lorsque le soufre présent dans le GNR entre en combustion, il génère inévitablement de l'acide sulfurique qui attaque méthodiquement les composants métalliques du système d'échappement. Cette substance corrosive provoque l'apparition de rouille qui peut rapidement gripper des éléments essentiels comme l'injecteur d'AdBlue, système indispensable au bon fonctionnement des dispositifs de dépollution. La corrosion ne se limite pas aux seules parties visibles : elle s'infiltre dans les moindres interstices du moteur, fragilisant progressivement la structure même des pièces mécaniques. Les conséquences se manifestent par une usure prématurée généralisée qui compromet la fiabilité globale de l'équipement. De plus, la présence d'acide sulfurique dans le circuit d'échappement diminue considérablement l'efficacité des catalyseurs chargés de traiter les émissions polluantes, créant ainsi un cercle vicieux où pollution et défaillance mécanique se renforcent mutuellement.
Encrassement des injecteurs et accumulation de dépôts
Au-delà de la corrosion directe, le soufre favorise la formation de dépôts tenaces qui s'accumulent progressivement dans les circuits d'alimentation en carburant. Les injecteurs, éléments de précision extrêmement sensibles, subissent un encrassement qui perturbe la pulvérisation optimale du carburant dans les chambres de combustion. Cette obstruction partielle modifie le profil de combustion, générant une perte d'efficacité énergétique et une augmentation des imbrûlés. Les particules fines résultant de la combustion incomplète du soufre se déposent également sur les parois internes du moteur, formant une couche isolante qui perturbe les échanges thermiques. Ce phénomène d'accumulation progressive affecte l'ensemble du système de post-traitement des gaz d'échappement, depuis les turbulences dans les conduites jusqu'à l'obstruction partielle des filtres à particules, réduisant ainsi significativement les performances globales du moteur.
Conséquences d'un GNR à forte teneur en soufre sur les performances

Perte de puissance et surconsommation de carburant
Un GNR contaminé par une teneur excessive en soufre provoque rapidement une dégradation notable des performances moteur. Les professionnels constatent en premier lieu une baisse sensible de la puissance disponible, le moteur peinant à délivrer les performances habituelles même à régime élevé. Cette diminution de rendement s'accompagne systématiquement d'une surconsommation de carburant, l'utilisateur devant solliciter davantage le moteur pour obtenir un travail équivalent. L'encrassement progressif des injecteurs et la corrosion des composants internes créent un déséquilibre dans la combustion qui se traduit par une augmentation des rejets polluants et une élévation anormale de la température de fonctionnement. Les équipements modernes, particulièrement sensibles à la qualité du carburant en raison de leurs systèmes électroniques sophistiqués, peuvent également manifester des comportements erratiques avec des calages intempestifs ou des difficultés au démarrage, notamment par temps froid.
Pannes moteur et réparations coûteuses
Les données techniques recueillies auprès des professionnels révèlent une corrélation directe entre la teneur en soufre et le délai avant défaillance majeure. Avec une concentration comprise entre trente et soixante milligrammes par kilogramme, une défaillance survient généralement après une centaine d'heures de fonctionnement. Lorsque le taux grimpe entre cent et quatre cents milligrammes par kilogramme, ce délai se réduit drastiquement à une dizaine d'heures seulement. Au-delà de quatre cents milligrammes par kilogramme, la panne peut intervenir en quelques heures à peine, laissant l'utilisateur démuni face à une immobilisation brutale de son matériel. Les réparations nécessaires impliquent fréquemment le remplacement complet du système d'injection, des catalyseurs endommagés et parfois même de composants internes du moteur gravement corrodés. Ces interventions représentent des coûts considérables, souvent plusieurs milliers d'euros, sans compter l'immobilisation prolongée de l'équipement qui impacte directement la productivité des entreprises concernées.
Prévenir les défaillances : choisir un GNR de qualité
Vérifier la conformité aux normes et la certification des fournisseurs
Face aux risques avérés liés à une contamination du GNR, la vigilance s'impose dès l'approvisionnement en carburant. Il convient de privilégier systématiquement des fournisseurs reconnus proposant des produits certifiés conformes aux normes européennes en vigueur. Les professionnels peuvent opter pour des gammes premium telles que le bp MoteurPro qui garantit une qualité supérieure et une meilleure durabilité des équipements grâce à une formulation optimisée. La traçabilité du carburant constitue également un critère essentiel : un distributeur sérieux doit pouvoir fournir les certificats d'analyse attestant de la teneur exacte en soufre du produit livré. Une attention particulière doit être portée lors des livraisons successives, notamment lorsque le même fournisseur approvisionne en fioul domestique et en GNR. Les purges entre livraisons doivent être rigoureusement respectées avec quatre-vingts litres pour cinquante mètres de tuyauterie et quatre-vingt-dix litres pour soixante mètres, afin d'éviter toute contamination croisée qui pourrait faire grimper dangereusement le taux de soufre.
Bonnes pratiques d'entretien et de stockage du carburant
La qualité initiale du GNR ne suffit pas à elle seule : les conditions de stockage jouent un rôle déterminant dans la préservation de ses propriétés. L'utilisation d'une cuve en plastique à double paroi s'avère indispensable, celle-ci devant impérativement être installée à l'abri du soleil et des intempéries pour éviter toute dégradation du carburant. Un système de filtration adapté au niveau de la pompe permet de retenir les éventuelles impuretés avant leur introduction dans le réservoir du matériel. La capacité de la cuve doit être judicieusement dimensionnée en fonction de la consommation réelle pour limiter la durée de stockage, un carburant conservé trop longtemps risquant de s'altérer avec le temps. Un nettoyage régulier de l'installation de stockage élimine les résidus accumulés au fond de la cuve qui pourraient contaminer les livraisons suivantes. Concernant le remplissage des équipements, il est préférable d'éviter de faire le plein directement depuis le camion de livraison, sauf si la cuve de stockage a été préalablement remplie, ceci afin de laisser décanter les éventuelles particules en suspension. Enfin, la maintenance préventive du moteur avec un contrôle régulier du système d'injection et des filtres permet de détecter précocement les signes d'encrassement avant qu'ils ne conduisent à une défaillance majeure.



















